En famille avec le Père Noël
Nouvelle de Gérard MOREL parue dans le N° 3782
de l’hebdomadaire NOUS DEUX (24 décembre 2019)
Je m’appelle Cédric, j’ai 6 ans et je suis très malheureux.
Parce que maman est toujours triste, depuis que mon père nous a quittés pour aller vivre ailleurs, si loin que je ne connais même pas son adresse.
Evidemment, je voudrais qu’il revienne. Ou que maman arrive à se consoler, avant les prochaines fêtes de Noël, que tous mes copains du cours préparatoire vont passer dans la joie.
J’ai déjà demandé à la maîtresse et même à la directrice de l’école comment je pourrais arriver à faire sourire maman, mais elles n’ont pas trouvé de conseils à me donner. La directrice s’est contentée de me dire que j’étais mignon, ce qui ne répondait pas à ma question.
Pour trouver une solution, je suis même allé demander de l'aide à Louise, ma sœur.
Elle n’est pas très gentille, et puis elle se moque souvent de moi parce qu’elle a un an et demi de plus que moi et qu’elle sait déjà lire, mais il faut bien admettre qu’elle a parfois de bonnes idées.
-Toi, tu crois un peu trop au père Noël, m’a-t-elle répondu, en ricanant d’un air supérieur comme toujours lorsqu’elle s’adresse à moi.
C’est justement sa réflexion qui m’a donné une idée : il fallait que je propose au père Noël de se marier avec notre maman.
-Tu es tellement débile que je me demande souvent comment tu peux être mon frère, s'est écriée Louise en riant de plus belle. Tu devrais te douter que c’est impossible.
J’ai aussitôt protesté :
-Et pourquoi donc ? Le père Noël n'est certainement pas marié, puisqu’on ne le voit jamais en famille ! Alors, il serait peut-être très heureux de venir habiter avec une femme jolie comme maman. Surtout qu’après les fêtes, il doit s’ennuyer, tout seul dans le grand Nord, à attendre dans la neige le Noël suivant, non ?
Louise a levé les yeux au ciel, sans doute parce qu’elle ne trouvait plus rien à me répondre.
Ce qui m'a confirmé que j'avais raison.
Aussi, mercredi après-midi, au lieu de rentrer directement chez nous, j’ai fait croire à Louise que j'étais invité chez mon copain Théo, et je suis parti tout seul admirer les vitrines des grands magasins. Là, je suis sûr de rencontrer le père Noël. Surtout au mois de décembre.
Il se tient souvent à l'entrée de ces magasins, tout prêt à nous écouter pour qu'on lui suggère des idées de cadeaux. On lui murmure à l’oreille la liste de tous les jouets qu’on voudrait qu'il nous apporte le soir du 24 décembre et il nous donne des conseils pour les obtenir, par exemple en étant bien sage avec nos parents et en ne regardant pas la télévision trop tard le soir.
Cette année, les vitrines sont magnifiques. Dans l’une d’elles ont voit une famille de castors automates qui vivent comme les parents de mes copains : le père castor regarde la télévision tout en lisant son journal, le petit castor court à travers la cuisine familiale et il profite d’un instant où personne ne le regarde pour aller prendre un bonbon et le manger en cachette. Tandis que la maman castor prépare le repas en chantonnant.
Et me voici en train de rêver que je vis dans une maison de castors, quand je m’entends interpeller :
-Eh bien, mon petit ! Tu as l’air de bien l’aimer, cette vitrine ! Mais il faut laisser passer les autres enfants ! Eux aussi, ils voudraient la voir !
Je me retourne pour m’excuser, et je suis stupéfait de réaliser que c’est le père Noël lui-même qui m’a parlé !
Il me faut quelques secondes pour retrouver ma respiration et trouver la force de lui dire tout ce que j’avais prévu de lui expliquer :
-Père Noël, je suis vraiment heureux de vous revoir ! J’ai quelque chose de très important à vous demander !
-Ca ne m’étonne pas, sourit-il derrière sa barbe. Au mois de décembre, tous les enfants ont des choses à me demander ! Profites-en, je suis ici pour tous vous écouter, les uns après les autres. Qu’est-ce que tu aimerais que je t’apporte, le soir de Noël ? Une console de jeux ? Ou un robot avec qui tu pourrais parler ?
J'hésite avant de lui avouer que je ne veux rien pour moi. Je préférerais qu'il fasse plaisir à maman :
-Parce que tu fais toujours des cadeaux aux enfants, mais les grands aussi auraient besoin de toi. Et parfois même encore plus que nous ! Aussi, cette année, j'aimerais qu'au lieu de déposer des jouets pour ma soeur et moi avant de repartir en te cachant, tu viennes sonner à notre porte pour dîner avec nous. Ce serait une merveilleuse surprise pour maman, qui pleure souvent depuis que papa n'est plus chez nous.
Le père Noël me prend dans ses bras et me soulève pour m'embrasser en répondant que c'est la plus jolie demande qu'on lui a faite cette année.
J'en déduis qu'il accepte mon invitation, et je lui demande à quelle heure il nous rejoindra chez nous :
-Malheureusement, répond-il, il me sera impossible de venir. Tu sais bien que je dois apporter des cadeaux à tous les enfants. Cela me prend beaucoup de temps !
Oh ! Je suis tellement déçu que j'insiste :
-Dans ce cas, tu n'as qu'à venir chez nous la veille de Noël. Pour maman, la surprise sera encore plus belle ! Et toi, tu pourras profiter d'un bon repas avant de partir faire ta tournée à travers le monde...
Il m'ébouriffe les cheveux en me répétant que je suis adorable, mais il ne me promet pas pour autant de venir dîner chez nous.
Pour le convaincre, je décide de revenir lui en parler le lendemain.
C’est ce que je fais, malgré ma sœur Louise qui exige qu’on rentre ensemble à la maison, comme maman nous le conseille toujours.
Je lui fais croire que je dois retourner voir mon copain Théo, qui est malade, et elle me laisse partir, en me faisant promettre de rentrer avant maman, qui sinon s'inquièterait pour moi.
Je lui jure tout ce qu’elle veut, avant de courir vers le grand magasin.
Mais là, j'aperçois Manon : une chipie de 8 ans, qui vient à chaque récréation ennuyer tous les enfants du cours préparatoire et qui, la semaine dernière, a même fait exprès de déchirer l’album à colorier que j’avais exceptionnellement apporté à l’école.
Et voici que cette peste se précipite vers le père Noël pour l’embrasser…
J’espère qu’il va la repousser en lui expliquant qu’il ne lui apportera rien cette année parce qu’elle ne mérite pas de jouets, elle a été trop méchante ! Surtout avec moi !
Je m’approche pour écouter ce qu’elle lui répondra, et voir si elle est aussi insolente avec le père Noël qu’avec les enfants du cours préparatoire mais…
…Mais je reste stupéfait de voir que le père Noël est ému au point de verser quelques larmes en la prenant sur ses genoux, comme pour mieux l’embrasser et la serrer contre lui.
Ce qui prouve que, contrairement à ce qu’on nous raconte, il n’arrive plus à surveiller tous les enfants et à voir nos bêtises.
Pourtant, il semble bien connaître Manon puisqu’il l’appelle par son prénom :
-Manon, ma petite fille ! Je suis tellement heureux de te revoir ! Comment vas-tu ? Est-ce que tu es heureuse ?
Elle, bien sûr, très fière de poser avec le père Noël, elle jette des regards hautains à tous les autres enfants. Je suis sûr qu’elle va se cramponner longtemps sur ses genoux rien que pour nous exaspérer en nous faisant attendre !
Au lieu d’énumérer au père Noël la liste des cadeaux qu’elle aimerait recevoir, et qu’elle ne mérite pas, elle se plaint de ne l'avoir plus vu depuis trop longtemps. Ce qui me paraît idiot, puisque personne ne le voit jamais entre deux fêtes de Noël, n’est-ce pas ? Ce serait trop beau, s’il revenait du pôle Nord plusieurs fois par an !
Pourtant, le père Noël ne proteste pas. Au contraire il lui dit qu’il comptait aller la voir chez sa mère juste après les fêtes, dès qu’il aura un peu de temps libre.
Manon ajoute que c’est sa nounou qui l’a reconnu et qui a prévenu sa mère qu’il se tenait devant les grands magasins.
Franchement, je trouve que la nounou n’a pas fait un gros effort pour reconnaître le père Noël, tellement on le voit de loin, avec son long manteau rouge incrusté de flocons de neige et sa barbe blanche ! Mais, bien sûr, je ne me mêle pas à la conversation. D’autant que le père Noël, de plus en plus ému, répond à Manon qu’il lui aurait téléphoné de toute façon, un de ces soirs :
-Dès que j’aurai gagné un peu d’argent, je t'inviterai au restaurant, avec ta mère !
-Je le sais, répond Manon. Mais je préfère te prévenir, maman est toujours très en colère contre toi. Elle a même dit à Nounou que ce n’était pas pour nous que tu étais revenu et que tu ne changerais décidément jamais…
Le père Noël ne répond pas. Il se mouche, puis il pose toutes sortes de questions à Manon. Il veut savoir si elle sait lire correctement, si elle se plaît dans son nouvel appartement et, surtout, si elle est heureuse. Et là, je suis stupéfait d’entendre Manon lui répondre que tout va plutôt bien, mais qu’elle préférait quand même l'époque où lui, le père Noël, il vivait avec elle et sa mère.
Et j’en déduis que, s’il n’a pas remarqué que Manon était désagréable avec tous les enfants du cours préparatoire, et surtout avec moi, c’est parce que c'est sa propre fille et qu'il est donc particulièrement indulgent avec elle !
Vous ne pouvez pas imaginer combien je suis déçu d'apprendre que le père Noël a déjà une famille ! Et une fille qui, en plus, est la pire des chipies !
Moi, je croyais que c'était un vieux monsieur très seul, pas débordé non plus parce qu’il ne travaille qu’un soir par an, et qui aurait été ravi de venir habiter avec maman et nous, mais je comprends maintenant que c'est impossible...
Et quand je l'entends poser des questions à Manon, je devine qu'il ne vit plus avec elle non plus. Il a dû abandonner sa famille. Comme l'a fait mon père !
Juste au moment où je ramasse mon cartable pour rentrer à la maison et m'enfermer dans ma chambre, cette chipie de Manon m’aperçoit ! Et elle me désigne du doigt à son père en hurlant :
-Papa ! C’est lui ! C'est Cédric ! Il est méchant ! A chaque récréation il tire sur mes couettes !
Le père Noël regarde dans ma direction et, juste avant que je ne meure de honte, il proteste :
-Oh, mais non ! Je le reconnais, lui ! C’est mon petit copain d'hier ! Tu repars déjà ?
Sa fille me lance un regard plein de colère, je sens qu’elle me déteste encore plus depuis que son père lui a fait comprendre qu'il m'aimait bien.
Inutile que je m'attarde. Je réponds donc :
-Oui, je dois rentrer à la maison, je suis très pressé. Sinon, je serai en retard pour apprendre ma leçon.
-Menteur, s’acharne Manon. Dans ta classe de bébés, on ne vous donne jamais rien à apprendre.
Je lui ferais volontiers une grimace mais, devant son père, je n’ose pas ! Et elle doit s’en douter car elle insiste:
-L’autre jour, à la cantine, j’avais dessiné une fée, et pendant que je suis allée faire pipi, Cédric lui a rajouté des moustaches !
Je cherchais juste à m’amuser, mais elle, comme d’habitude, elle n’a rien compris !
Le père Noël ne peut pas faire autrement que me regarder d’un air embarrassé et me dire que j’ai tort d’ennuyer sa fille.
Un comble ! C’est Manon qui est méchante avec toute ma classe et c’est moi qui risque d'être privé de cadeaux à cause d’elle ! C’est trop injuste !
Je cherche comment l’expliquer au père Noël sans le fâcher, quand je vois Manon se tortiller pour lui échapper et se redresser en criant :
-Oh, il faut que je parte, pour ne pas être en retard à mon cours de danse ! Sinon, la prof le répètera à maman !
Elle embrasse le père Noël avant de s'enfuir en courant.
Son père la regarde s’éloigner sans cacher sa tristesse. C'est incroyable : les enfants du monde entier l’aiment et guettent son passage, mais lui, il est bouleversé par cette peste de Manon. Il a encore les larmes aux yeux lorsqu’il me demande de faire un effort pour me montrer gentil avec elle…
-Mais c’est elle qui est une chipie avec nous tous ! Demain, je demanderai à Théo de m’accompagner ici, il vous racontera comment elle a cassé sa voiture électrique ! Et encore…
-Non !
Le père Noël s’est montré catégorique ! Il m’explique qu’il n’a pas besoin d’entendre Théo pour me croire, il sait que sa fille a un caractère difficile, et il ajoute aussitôt qu’elle a des excuses.
Je voudrais protester, mais il ne me laisse pas parler. Il me raconte que Manon était une petite fille très douce, adorable, lorsqu’il vivait avec elle et sa mère.
Et puis, le père Noël a été obligé de se séparer de sa femme, qui a vendu le pavillon où ils habitaient tous les trois. Aujourd’hui, Manon et sa mère vivent seules dans un studio au dernier étage d'un immeuble, et elles regrettent leur ancien confort.
-Je comprends, dis-je. Manon nous en veut à nous tous, parce qu’elle a l’impression d’habiter une maison moins agréable que les nôtres. Et puis, même si les nôtres ne sont pas mieux, nous au moins on y est habitués !
-Tu es très intelligent, sourit le père Noël.
Et encore, il ne sait pas que je viens de trouver une solution pour lui…
-Tu devrais l’emmener avec toi, au pôle Nord ! Là bas, elle sera heureuse, elle pourra s'amuser avec tous les jouets que tu n’as pas encore distribués, et il doit y en avoir des milliers… Et nous, elle ne nous ennuiera plus !
Il éclate de rire, avant de me dire que c’est impossible, parce que la mère de Manon ne supporterait pas d'être séparée de sa fille :
-Et moi, je ne retrouve Manon que quelques heures par mois, dans un restaurant, parce que je n’ai pas d’appartement pour la recevoir.
Heureusement, j’ai encore une solution :
-Justement ! Le soir de Noël, tu pourrais venir chez nous, avant d’aller faire ta tournée. Nous serons seuls avec Maman, qui est tellement triste. Tu arriverais à la distraire. Et tu passerais la soirée avec ta fille, qui dormirait ensuite avec ma sœur. Louise sera très fière de raconter qu’elle est copine avec la fille du père Noël !
Il bougonne encore que ce n’est pas possible, mais je sens que, cette fois, il a envie d'y croire autant que moi.
Alors, je n’insiste plus et, le soir même, j’en parle à maman.
Je lui dis que Manon ne peut jamais passer de Noël avec son père parce qu’il n’a pas de logement dans notre quartier et qu’il n'ose pas l’emmener au pôle Nord.
Maman commence par sourire, avant d’accepter de croire à mon histoire.
-Tu voudrais les inviter ? J’espère que ce n’est pas pour que le père Noël t’offre tous ses cadeaux, tu dois te douter que c’est impossible.
Je proteste :
-Au début, franchement, j’y ai un peu pensé. Mais maintenant, je voudrais faire plaisir à Manon. Elle ne voit pas son père, comme Louise et moi, alors qu’ils pourraient se retrouver. C’est trop dommage !
-Je croyais que tu détestais Manon, s’écrie Louise, qui dénonce toujours tout, même et surtout quand on ne lui demande rien.
Pour la faire taire, je dénoue ses couettes ! Elle pleurniche, mais va être occupée dix minutes à les refaire… Et je profite de ce répit pour convaincre maman d’inviter chez nous le père Noël et sa fille. Cela leur permettra de passer un soir de fête ensemble, et cela nous changera de tous ces repas où on est toujours seuls tous les trois.
-Pourquoi pas, finit par admettre maman. J’irai voir ce père Noël demain soir. Devant quel magasin se tient-il ?
A mon avis, c’est gagné !
Et en effet, juste avant le réveillon de Noël, Manon est conduite chez nous par sa mère. Elle m’embrasse gentiment, pour une fois, et sourit en me disant qu’il y a longtemps qu’elle désirait passer un Noël avec son papa.
Je lui réponds que je comprends, et que je la plains :
-C’est pas de chance, d’être la fille du père Noël ! Le soir où il porte des jouets à tous les autres enfants, il ne peut pas être avec toi !
-Oh, mais il n’a pas toujours fait le père Noël, proteste Manon. Quand j'étais petite, il était informaticien. Et puis, il a perdu son travail et maman a divorcé. Depuis, je ne le retrouve qu'une fois par mois, au restaurant. Et encore, pas tous les mois...
J’hésite à la croire mais, quand son père arrive et se met à table avec nous, il nous raconte que sa femme l’a quitté dès qu’il s’est retrouvé au chômage. Et le plus douloureux pour lui a été de perdre tout contact régulier avec sa fille…
-Ce soir, vous êtes ensemble, lui rappelle maman avant qu’il ne soit trop ému.
Elle a raison, sinon on passerait la Noël dans les larmes. D'ailleurs, quelques minutes après, c’est elle qui se met à parler de l'absence de mon père, avec des mots compliqués, sans doute choisis exprès pour que Louise et moi on ne comprenne pas ce qui s’est passé.
Et c’est au tour du père Noël de prendre sa main pour la consoler.
-Vous êtes gentil, sourit maman entre ses larmes.
-C'est normal, s'écrie alors Manon. Parce que, grâce à toi, mon papa et moi on peut enfin passer un soir de Noël ensemble... J'espère que tu nous inviteras encore ?
Maman éclate de rire face à la spontanéité de Manon :
-Bien sûr ! Vous reviendrez chaque fois que vous le souhaiterez !
-Alors, je serai souvent ici, répond Manon, d'une voix douce que je ne lui connaissais même pas. Mais pas toujours, parce que je tiens à continuer d'habiter chez ma maman.
-Evidemment, approuve son père. Tu n’as pas à choisir entre ta mère et moi. Tu continueras de vivre chez elle, mais nous pourrons enfin nous revoir, grâce à… à Evelyne !
Maman relève la tête, visiblement stupéfaite qu’il se soit permis de l’appeler par son prénom, de façon aussi spontanée. Elle commence une phrase, avant de s’interrompre pour décider :
-Vous avez raison. Et moi, je vous appellerai Guillaume.
Elle soupire qu’elle se sentait très seule jusqu’à présent, avec ses deux enfants à élever.
Guillaume proteste qu’il ne pourra pas beaucoup l’aider, lui qui n’a pas retrouvé d’emploi depuis près de trois ans, mais maman a un geste d’indifférence :
-Je n’ai pas besoin d’argent, car j'ai la chance de bien gagner ma vie. Mais parfois, je désirerais me sentir un peu moins seule. Vous ne pouvez pas comprendre…, ou plutôt, si, vous pouvez ! Je n’imaginais pas faire une si belle rencontre le soir de Noël !
Elle essuie une larme, alors Manon se lève de table et court vers elle en croyant qu’il faut la consoler :
-Je t'aime beaucoup, sourit-elle. Et j'adore ta fille, Louise ! Tout à l'heure, elle m'a même prêté une de ses poupées !
-C’est formidable, ajoute Louise. D’habitude, entre sœurs, il y en a toujours une qui est plus petite que l’autre et qui ne comprend pas tout, mais Manon et moi on a le même âge ! Et on est dans la même classe ! On va pouvoir tout se raconter !
Manon cherche une réponse qu’elle ne trouve pas, alors elle embrasse Louise. En lui disant :
-Si j’avais pu me choisir une sœur, c’est toi que j’aurais voulue !
Après un instant d'hésitation, elle ajoute :
-...Et j’aime même Cédric !
J'aurais envie de l'embrasser, moi aussi, mais je n'ose pas. Même si je reconnais que j'avais tort de la considérer comme une chipie.
Guillaume éclate de rire, peut-être pour cacher son émotion, et il fait remarquer à maman qu'ils ont tous les deux beaucoup de chance.
-C’est vrai, reconnaît maman. Il y a longtemps que je n'avais pas partagé un Noël aussi beau, aussi chaleureux. D’ailleurs, il est bientôt minuit...
-Ah, s'exclame Guillaume. C'est donc l'heure des cadeaux... Nos trois enfants vont avoir des surprises ! Euh...
Je sens bien qu'il est embarrassé, parce qu'il croit que je le prends encore pour le père Noël et il ne sait pas comment me détromper.
Mais je ne suis pas aussi naïf qu'il le croit, et j'ai compris depuis longtemps que Guillaume n’était pas le père Noël.
Le vrai, il va arriver d’une minute à l’autre et il lancera par la fenêtre des chambres des cadeaux pour Louise, Manon et moi !
Vous devriez l'attendre avec moi... Il ne va plus tarder !
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